Le futur se conjugue au présent

« Le futur est là. Il n’est pas encore bien réparti, c’est tout. »
William Gibson

Paisible journée d’hiver comme il en existe seulement en cette saison. L’air et le temps semblent figés. La nature est au ralenti… elle se prépare à jaillir dès que les jours se réchaufferont.

Virginie aussi prépare l’avenir. Elle a rendez-vous aujourd’hui à la mairie pour une importante réunion qui aura des répercussions sur la vie de tous.
Rien que ça !

C’est étrange comme les choses peuvent se succéder. Il n’y a pas si longtemps, elle travaillait dans un bureau et essayait d’y survivre. Elle rêvait d’extérieur, elle rêvait de travailler au dehors, en accord avec les saisons, mais en restant en ville.

Et puis un jour, n’y tenant plus, elle est devenue apicultrice des villes. Elle n’y connaissait pas grand chose au début. Elle savait simplement que les abeilles étaient en danger à cause des insecticides utilisés dans l’agriculture. Elle savait aussi que l’humanité ne leur survivrait pas longtemps. Et elle avait découvert que, paradoxalement, les abeilles des villes produisaient trois à quatre fois plus de miel que les abeilles des champs. Alors elle avait appris le métier et était devenue à son tour une productrice de miel de bitume.

Aujourd’hui, à la mairie, l’enjeu était le même, le bien de tous, mais les résistances étaient plus fortes. Il fallait travailler sur les infrastructures, modifier certains métiers, faire accepter l’idée que l’on pouvait faire autrement !

Elle ne leur proposait pas moins que de révolutionner le traitement de tous les déchets organiques pour en faire un carburant universel, inépuisable, bon marché, local et non polluant !
Ils avaient été nombreux à ricaner, accrochés comme des vieux poux à leurs petites habitudes.

Virginie n’avait rien inventé, elle s’était contenté d’être à l’écoute du monde et c’est ainsi qu’elle avait découvert cette initiative en Suède. Cela faisait des années que c’était en place là-bas, des années que des aventuriers des temps modernes, des utopistes enthousiastes avaient convaincu toute une communauté, pour le bien de tous.

Les suédois avaient démontré que c’était possible, viable et rentable !

Virginie se demandait ce que certains français lui objecterait aujourd’hui pendant la réunion.
Peu importe !
Le monde était en marche, les résistances faiblissaient, les ricaneurs du début étaient de moins en moins nombreux.
Tant mieux, bientôt, l’air redeviendrait plus respirable.

Le compagnon de Virginie, Paul, était lui-aussi un doux rêveur, un rêveur inventeur. Avant, il tentait d’inventer dans un bureau d’étude. Maintenant, il inventait de chez lui des jouets pour leurs deux enfants. Son imagination était sans limite. Il créait les plans, faisait imprimer les prototypes dans l’imprimerie 3D à côté de chez lui et le soumettait au centre des homologations. Ensuite, il mettait le fichier de son invention en vente en ligne. Des parents du monde entier pouvaient acheter le plan et faire imprimer le jouet à côté de chez eux.

On était loin des débuts de l’impression 3D. Beaucoup avaient considéré cette innovation comme un gadget. Étonnamment, c’est La Poste qui avait fait preuve de courage visionnaire en lançant trois centres de test d’impression 3D. Puis tout était allé très vite. Cela avait commencé avec les pièces détachées. La crise était là et les gens s’étaient remis à réparer tout ce qu’ils pouvaient au lieu de jeter et de remplacer. Mais trouver une pièce détachée précise était une tâche ardue, chronophage et souvent onéreuse. L’impression 3D a eu cela de révolutionnaire qu’il suffisait de scanner la pièce défectueuse pour en obtenir une nouvelle.

Aujourd’hui, il n’y a presque plus de stock de pièces détachées, sauf pour des produits technologiquement complexes ou composés de matières très innovantes. Les fabricants ont dû réinventer, pour certains, leurs modèles économiques. Les imprimeries 3D se sont développées partout, de sorte qu’aujourd’hui il est possible de produire presque tout localement. Les transports de marchandise se sont de ce fait énormément réduits. Des filières de recyclage pointues se sont mises en place pour valoriser toutes les matières et permettre d’approvisionner les centres d’impression.

L’impression 3D a aussi révolutionné le monde des inventions. Là où il fallait plusieurs dizaines de milliers d’euros pour fabriquer un prototype, quelques milliers, et parfois quelques centaines d’euros suffisent.

les copies aussi se sont mises à fleurir. Auparavant, il y avait une industrie de la copie. Aujourd’hui avec une imprimante 3D domestique, il est possible de reproduire les plus petits objets chez soi et ce, pour le simple prix des matières premières et de l’énergie. Paul le sait bien. Il sait que toutes ses inventions sont copiées à plus ou moins brève échéance. Il s’en fiche. D’ailleurs il ne dépose aucun brevet.

Peu à peu, il s’est fait une notoriété. Les gens savent qu’il propose des plans de qualité et que les prototypes sont homologués pour la sécurité des enfants. L’impression 3D a cet avantage, ses clients sont partout dans le monde et les possibilités techniques sont presque sans limite, comme son imagination. Il crée sans cesse de nouveaux jouets, les copieurs peuvent bien s’amuser à essayer de le suivre.

Le monde est en marche et le futur se conjugue au présent !

Inspirations :

• Miel de bitume 
• Un blog pour les abeilles, OGM: le moratoire sur le maïs MON810 annulé
• Les abeilles font leur miel en ville
• En Suède, on n’a pas de pétrole, mais on n’a des idées
• Le biogaz, un carburant qui a de l’avenir en Suède
• L’impression 3D avec La Poste
• L’imprimante 3D Cube, pour le grand public
• 3D Printshow