Entrepreneur malgré-soi – Episode 4 : Quand même le chômage ne veut plus de toi, il faut bien manger

Entreprendre, diriger une entreprise peut être une aventure formidable. Pourtant, certains subissent et n’ont pas vraiment choisi cette place.

Le monde professionnel n’est pas tendre avec tout le monde et crée de l’exclusion. Certains sont plus exclus que d’autres, plus fréquemment, plus longtemps, parfois plus définitivement. La solidarité à  la française finit par s’essouffler et il arrive un moment où il faut bien manger, continuer, seul.

Voici donc le 4^ème épisode de la série Entrepreneur malgré soi.

Dans les entrepreneurs nouvelle génération, beaucoup cherchent leur pourquoi. Surtout lorsqu’ils ont du mal à installer leur affaire. Le pourquoi résonne comme un graal, l’indispensable clé de la réussite.

Dans une vie, je crois que nous avons tous plusieurs niveaux de pourquoi. Et c’est ainsi depuis la nuit des temps. Ceux qui répondent aux besoins primaires sont les plus puissants et pourtant d’aucuns tendent à les oublier.

Ainsi, quand le réfrigérateur est vide, quand même le chômage ne veut plus de vous, que la solidarité nationale vous laisse en plan et que cela fait des années qu’aucun employeur n’a accepté de vous faire confiance, que faire ?

Regardons un instant l’histoire de l’humanité, il y a 30.000 ans. Pas d’entreprise. Pas de salarié. La solidarité du clan dans lequel chaque personne en bonne santé a son rôle à jouer. Aucune tergiversation sur le pourquoi on fait les choses. On les fait. C’est une question de survie. Point.

Aujourd’hui, c’est la même chose. Si ce n’est que la solidarité du clan s’est transformée en solidarité nationale et que cette dernière a ses limites, comme toute grande construction, car elle perd la connaissance de l‘individu. A cause de cela, elle en laisse quelques-uns de côté.

Je ne juge pas. J’observe, je constate, comme toujours.

Que reste-t-il à ceux-là ? Soit se laisser mourir, soit tailler leurs sagaies pour aller chasser le bison ou essayer de piéger un lagopède. Heu, pardon. Non. On n’utilise plus de sagaies.

Quand plus personne ne veut vous employer, la seule solution est de créer son emploi en capitalisant sur ses expériences, ses savoir-faire, les ressources restantes et en observant les opportunités.

Je pense à un monsieur que je vois régulièrement sur le marché. Il s’installe un peu dans le passage pour qu’on soit obligé de le voir. Son étal se réduit à deux cageots. Un debout, l’autre posé à plat au-dessus. Il vend de l’ail et de la cive. Il a créé son entreprise, aussi modeste soit-elle. Et qui sait si dans 10 ans il n’aura pas sa chaîne de boutiques de primeurs.

Tout est question de posture, posture entrepreneuriale, je vous en ai parlé dans les épisodes précédents.

L’être humain est ainsi fait que quand il n’a plus rien à perdre, il peut tout. Relever tous les défis pour sa survie. Ou tout abandonner et se laisser glisser. Il n’y a pas de compromis. Et encore une fois, je ne juge pas.

Quand il choisit la survie, il met le curseur de sa réussite en fonction de sa personnalité, de ce qu’il a vécu, de ce qu’il veut réparer, de ce qu’il refuse de vivre à nouveau.

Une entreprise née dans ces conditions extrêmes n’a d’autres choix que d’être rentable, tout de suite. Il n’y a pas de place pour autre chose. C’est une question de survie, c’est de l’instinct, c’est primaire, puissant.

J’ai évoqué au début de ce texte ces entrepreneurs qui cherchent leur graal.
Et je repense à une célèbre intervention de Steve Jobs qui appelait son auditoire à rester « affamé » pour accomplir des miracles.
Il semblerait que trop de confort tue en nous créativité et esprit d’entreprise. Qu’entre la situation de l’exclusion complète et l’utopie de la quête du graal, de façon pragmatique, nous pouvons faire de grandes choses, tout simplement en commençant par agir.