Entrepreneure ou entrepreneuse ? Personnellement, je préfère le mot entrepreneure, même si cette féminisation du mot ne s’entend pas et même si le dictionnaire me donne tort. Je trouve le son plus agréable, plus franc.
Lorsque j’ai débuté ma carrière professionnelle, j’affrétais des camions pour le transport international. Au volant, des hommes principalement. Un jour une femme se présente. Je suis en charge des démarches administratives et logistiques pour son chargement. Ayant besoin d’une information auprès du chef de service, je la nomme, il ne comprend pas de qui il s’agit. Je précise, la chauffeuse. Il est accompagné du chef de quai à ce moment, les rires gras fusent. Interloquée, je reprends, la chauffeure. Tous deux me disent non, cela n’existe pas, en continuant de rire. Ah !
Cette chauffeuse s’est révélée être parmi les meilleurs chauffeurs de camion avec qui j’ai travaillés. Mais je ne pouvais nommer son métier sans que mes collègues d’alors, essentiellement des hommes, gloussent.
Je précise que cela s’est déroulé en France. J’ai vécu les mêmes situations en Allemagne, sans qu’aucune anecdote ne soit à relater, puisque personne n’y a jamais gloussé. En tout cas, pas pour ce genre de raison.
Je ne suis pas particulièrement féministe, pas au sens la femme l’égale de l’homme à tout prix. Mais je suis réactive au sexisme. Et surtout, je ne comprends pas pourquoi on fait tant de différence entre les femmes et hommes, pourquoi elles devraient faire la vaisselle et ils ne pourraient pas pleurer.
Alors le mot entrepreneuse… comment dire… c’est comme chauffeuse, cela m’évoque les rires gras. Ma réaction reste épidermique. Mais pas que.
En devenant entrepreneure et en m’intéressant au monde particulier de l’entrepreneuriat, j’ai découvert qu’il existait des réseaux réservés aux femmes, des dispositifs d’aide spécifiques pour les femmes…
Tout d’abord je m’en suis complètement désintéressée, ne comprenant pas cette discrimination. Car il s’agit bien de discrimination, même si certains la nomment positive pour l’édulcorer. Je suis persuadée que si un dispositif d’aide exclusivement réservé aux hommes entrepreneurs était créé, tout le monde crierait au scandale et à l’inadmissible. Alors que pour les femmes… ce n’est pas pareil, il paraît.
En 2010, malgré mon a priori, sur les recommandations d’une collègue, j’ai intégré une association de femmes entrepreneures. J’y ai eu l’agréable surprise de découvrir des femmes dynamiques, motivées, ambitieuses, abordant sans tabou de nombreux sujets, alors même que souvent les hommes sont plus sur la réserve, sur le paraître. Pourtant, même si j’y ai passé de bons moments et fait de magnifiques rencontres, j’aurais aimé qu’il y eu des hommes. La moitié du monde manquait.
Comme je vous l’ai dit plus haut, je ne suis pas une féministe au sens la femme l’égale de l’homme à tout prix. Je pense que nous sommes différents et complémentaires, que nous pouvons avancer ensemble, sans compétition. Je pense en fait que ce sujet est un non-sujet.
Et pourtant, ce non-sujet préoccupe. Il préoccupe tellement que tout se dit et tout ne rend pas forcément l’histoire plus belle.
Que penser en effet d’un banquier qui demande à une femme entrepreneure, venue ouvrir le compte pro de sa nouvelle société, comment elle va gérer les enfants à la sortie de l’école ?
Est-ce une question universelle que tous les banquiers posent à tous les créateurs d’entreprise ?
Que penser des conseils en organisation domestique prodigués aux femmes qui travaillent ? Donne-t-on aussi ce genre de conseils aux hommes qui travaillent ?
Que penser quand on demande à une femme de raconter son parcours de femme entrepreneure, non pas parce qu’elle est entrepreneure, mais parce qu’elle est une femme… objet de curiosité ?
Demande-t-on aux hommes de raconter leurs parcours d’entrepreneurs parce qu’ils sont des hommes ?
Que penser de cette publicité montrant un homme en visio-conférence, s’occupant de son bébé simultanément ? Que les hommes sont devenus polychroniques ? Ou s’agit-il de la caricature d’une femme travaillant à la maison ?
Quoi qu’il en soit, femme ou homme, je les mets au défi de tenir une visio-conférence sérieusement avec des cris de bébé en fond sonore.
Et puis il y a ces histoires de plafond de verre, de plus ne plus souvent évoquées, et par des femmes de surcroît. Je finis par me demander si ce fameux plafond existe parce qu’on en parle, parce qu’on le craint, ou s’il s’agit une réalité infranchissable et incontournable.
Il existe bien entendu des différences entre les femmes et les hommes. Heureusement d’ailleurs, sinon pourquoi la nature n’aurait-elle pas créé qu’un seul être neutre, capable de s’auto-reproduire ? Cela lui aurait fait moins de boulot.
Quand on regarde les résultats du Baromètre des femmes entrepreneures publié en 2014 par la Caisse d’Épargne (eux aussi ont une préférence pour le eure…) les différences sont rarement flagrantes si ce n’est que les femmes sont globalement plus prudentes.
Pour le reste, il me semble que la majorité d’entre elles s’imposent elles-mêmes ces fameuses limites qu’elles pensent subir des autres. Le plafond de verre et autres barrières infranchissables n’existent que parce qu’on le veut bien, qu’on les rend réels en les acceptant.
Aujourd’hui, avec les dispositifs en place, l’accent est mis pour valoriser l’entrepreneuriat des femmes. Il semble vital d’atteindre une représentation équitable des 50%. Vital pour qui d’ailleurs ? Et ce fameux plafond des 50% qu’on tente d’imposer, à défaut de celui de verre, qui en a fixé la limite ? Et si les femmes, dans leur majorité, n’avaient pas envie de devenir entrepreneures ? Pourquoi vouloir absolument tout uniformiser ? Au nom de quel dictat ?
Je n’arrive pas à savoir si tout ceci est mis en œuvre, parce que les pôvres filles, elles ont bien du mal, alors on les aide un peu. Ou alors si c’est pour qu’elles se convainquent qu’elles ne sont pas capables et qu’elles n’osent pas prendre toute la place, celle que certains hommes ne sont pas prêts à abandonner.
Et si les femmes, dans leur majorité, décidaient de devenir entrepreneures ? Leur imposerait-on alors des quotas afin qu’elles ne dépassent pas les 50% ? Ou mettrait-on en place des dispositifs d’aide réservés aux hommes ?
Je pense à Arsinoé II qui, il y a plus de 2300 ans, a pris le pouvoir en Égypte, devenant Reine déifiée et Pharaon, permettant l’expansion économique du pays. S’est-elle alors enquis d’un quelconque plafond de verre à ne pas dépasser ?
Combien de siècles (ou de millénaires) nous faudra-t-il encore pour cesser les comparaisons futiles ? Pour que chacune et chacun ait sa place sans avoir à se justifier ?
Alors si vous me le demandez, je vous dirais que la femme entrepreneure est un homme comme les autres, même si elle est souvent assignée à la vaisselle. Je vous dirais aussi que l’homme entrepreneur est une femme comme les autres, même si on s’étonne qu’il puisse parfois pleurer.
Depuis 2011, j’explore, j’étudie, j’analyse, j’imagine comment faire autrement, comment créer de l’équilibre et du respect dans le fonctionnement de toute entreprise.
Vous êtes à la tête d’une entreprise que vous avez créée, ou reprise, ou dont vous avez hérité.
Vous avez l’impression de ne gérer que des problèmes et vous n’en voyez pas le bout.
Puisque vous lisez ces lignes, c’est certainement le bon moment pour vous de vous demander «pourquoi» .
D’ailleurs, « pourquoi » est une de mes deux questions préférées. L’autre c’est « comment ».
Pour vous accompagner, je propose des audits d’entreprises et des accompagnements, axés sur la libération de la connaissance dans l’organisation, comme outil pour induire de la confiance, de la créativité et ainsi favoriser une évolution harmonieuse de l’entreprise.
A la clé pour vous :
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- – Des leviers de création
- – La motivation des équipes
- – Et vous qui pouvez vous concentrer sur votre vision , agir en dirigeant d’entreprise et non plus en simple gestionnaire.