Début février, en Seine Saint Denis, il est 14 heures, un vendredi. Je m’apprête à transmettre la culture d’entreprendre à une vingtaine de collégiens pour l’association 100.000 entrepreneurs. J’ai un peu le trac, comme à chaque fois. J’ai envie qu’ils passent un bon moment. J’ai envie qu’ils aillent puiser au fond d’eux leurs rêves, leurs ressources, qu’ils comprennent qu’ils sont libres de prendre leur vie en main.
Si j’en touche un, les quelques heures que je leur consacre auront de la valeur.
J’ai préparé une trame pour pouvoir improviser pendant deux heures. L’improvisation est la clé pour être avec eux dans l’instant, pour capter tout ce qu’ils vont exprimer et leur renvoyer, comme un miroir. Ce que je leur dirai n’aura d’impact que si cela vient d’eux. Alors je me suis préparée pour leur parler d’eux. Je ne devrais pas avoir ce trac. L’entrepreneur est par essence un improvisateur.
Aujourd’hui, j’innove. Je vais leur proposer que nous créions une entreprise ensemble. Il va falloir aller à l’essentiel, être concis, utiliser tout ce qu’ils vont dire, les guider. Après tout, c’est mon métier. Je vais tenter une démonstration en accéléré, j’ai prévu 45 minutes pour cet exercice. J’ai envie que l’entreprise devienne quelque chose de tangible, qu’ils puissent comprendre le fonctionnement de l’intérieur, qu’ils se l’approprient.
Ça commence. Très vite je dois savoir qui ils sont, comprendre comment le groupe fonctionne pour pourvoir les cueillir, les accueillir, les faire s’épanouir. Je me raconte pour établir la confiance, je les sonde, je m’appuie sur ce qu’ils expriment pour débuter ce ballet des idées, des concepts, de l’envie, des rêves. Une presque joute verbale dont chacun sortira gagnant.
Arrive le moment de créer l’entreprise. Je leur propose, ils semblent enthousiastes. Certains sont encore sur la réserve. D’autres plus exubérants. C’est normal.
Je choisis le plus volubile d’entre eux pour incarner le chef de l’entreprise que nous allons imaginer. Puisqu’il veut parler, je lui donne le rôle central, il va devoir canaliser avec moi le reste du groupe. Il n’aura plus le temps de se disperser et d’entraîner certains dans son jeu digressif habituel.
Erreur !
Pendant tout le temps de l’exercice, je vais devoir garder mon attention sur lui tout en menant le reste du groupe à sa place. Nous allons réussir malgré tout à imaginer cette entreprise, à en dessiner les lignes, à décrire un premier plan d’actions concrètes. La majorité des élèves me suit parce que je leur permets à ce moment-là de rêver comme des grands.
L’exercice touche à sa fin. Il y a ceux qui mettent le bazar, c’est leur mode d’expression. Ceux qui restent en retrait, parfois agacés (par moi ? par les autres ?). Ceux qui aimeraient que cela dure plus longtemps et qui essaient jusqu’au bout de faire progresser cette entreprise.
Je m’arrête. Mon silence se propage. Je reprends, ma voix est moins forte. Et je leur dis qu’il n’y a pas de secret, ni de hasard et qu’ils viennent de (me) donner une fantastique leçon d’entrepreneuriat !
Notre chef d’entreprise du moment : pendant tout notre jeu, il s’est moqué de l’entreprise, l’idée fondatrice n’était pas incarnée, il s’est moqué des apports des autres, de ceux qui auraient dû être ses collaborateurs. Sa seule ambition à ce moment était d’être dans la lumière pour être dans la lumière. Sans fondement. Alors comme dans une entreprise réelle, il n’a pas pu motiver ceux qui auraient pu être ses meilleurs soutiens, ses meilleurs alliés.
Le reste du groupe : presque tous ont participé. Certains ont fait preuve d’audace. Ce chef d’entreprise a eu de la chance d’avoir autant de collaborateurs enthousiastes. Car malgré tout, pendant ce temps, notre entreprise a existé. En réalité, combien de temps aurait-elle pu survivre à ce manque de sens, d’essence ?
Je les remercie tous pour ce moment et cette grande leçon. Je les invite à réfléchir pour eux-mêmes, pour plus tard, pour quand ils seront des grands, pour de vrai, à ce qu’ils auront vraiment envie de faire et comment le faire. Je fais mon sondage en fin de séance, les papiers que je récolte me (ré)confortent, ils ont compris ce que je suis venue leur dire.
A la toute fin, la classe est presque vide, je me retrouve en tête à tête avec le chef d’entreprise du jour. Il hésite à partir. Il me dit qu’il a mis le bazar. Je lui dis qu’il a fait ce qui lui semblait juste et que c’est à lui de savoir pourquoi il l’a fait. Tout ce qu’il décidera de faire, ce sera grâce à lui. Tout ce qu’il décidera de ne pas faire, ce sera aussi grâce à lui. Il me corrige « à cause de moi ». Non, « grâce à toi » parce que toi seul sais pourquoi et comment tu veux construire ta vie.
Je distingue une étincelle dans ses yeux. Je suis contente de l’avoir choisi.
Depuis 2011, j’explore, j’étudie, j’analyse, j’imagine comment faire autrement, comment créer de l’équilibre et du respect dans le fonctionnement de toute entreprise.
Vous êtes à la tête d’une entreprise que vous avez créée, ou reprise, ou dont vous avez hérité.
Vous avez l’impression de ne gérer que des problèmes et vous n’en voyez pas le bout.
Puisque vous lisez ces lignes, c’est certainement le bon moment pour vous de vous demander «pourquoi» .
D’ailleurs, « pourquoi » est une de mes deux questions préférées. L’autre c’est « comment ».
Pour vous accompagner, je propose des audits d’entreprises et des accompagnements, axés sur la libération de la connaissance dans l’organisation, comme outil pour induire de la confiance, de la créativité et ainsi favoriser une évolution harmonieuse de l’entreprise.
A la clé pour vous :
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- – Des leviers de création
- – La motivation des équipes
- – Et vous qui pouvez vous concentrer sur votre vision , agir en dirigeant d’entreprise et non plus en simple gestionnaire.