
Permanence dans l’impermanence.
Il y a longtemps, j’ai aimé un roman intitulé Alaska de James A. Michener.
Les deux tomes au format poche sont usés, les pages ont jauni et sentent le vieux papier. Qu’est-ce qui fait qu’un ouvrage nous interpelle plus qu’un autre ?
Il y a peu, je suivais les informations sur les nouveautés de l’entrepreneuriat, sur l’engouement pour le monde idyllique des licornes, je regardais passer les tweets sponsorisés dans mon fil d’actualité. Je me suis mise à sourire en repensant à ce roman Alaska, à la vallée du Yukon, à la fièvre des orpailleurs, à cette ruée sans précédent.
Illusion du mirage qui nous coupe de nos sens, de notre raison et qui nous pousse dans une quête de fortune à TOUT PRIX.
Permanence dans l’impermanence, comme à l’époque de la ruée vers l’or, aujourd’hui encore ce sont les vendeurs de pelles et de tamis qui font fortune, même si la qualité vendue n’est pas toujours au rendez-vous.
C’est à se demander ce qui pousse la majorité des entrepreneurs d’aujourd’hui à foncer tête baissée, à s’équiper au complet, sans avoir auparavant regardé le terrain, étudié le relief, analysé la terre. Comme s’il suffisait d’avoir une pelle et un tamis pour trouver « son or » et faire fortune.
Dans le roman Alaska c’est ce qui m’avait frappé. Le récit de ses aventuriers irraisonnés, mus par le suprême espoir d’avoir enfin une vie meilleure, au risque d’y laisser… la vie.
Aujourd’hui, c’est plutôt son âme qu’on risque.
Et une vie sans âme, est-ce encore une vie ?
Et une entreprise sans âme, est-ce vraiment une entreprise ?
Les vendeurs de pelles et de tamis de tous temps seraient-ils donc les seuls doués de bon sens et surtout de celui des affaires ?
Pourrions-nous tous devenir ces marchands d’outils ? Et à qui les vendrions-nous alors ?
Je crois que le mode d’action unique est aussi dangereux que le mode de pensée unique. Il nous coupe de la richesse de la diversité et il nous coupe de notre litre-arbitre.
Qu’adviendra-t-il de nous, une fois que tous auront rejoint le troupeau ? Naïvement, j’aimerai pouvoir imaginer que le pâturage sera vaste et agréable. Mirage de l’illusion.
J’aime interpeller afin que chacun reste en éveil, observateur de soi et du monde, dessinant son chemin en avançant, construisant avec son activité un monde selon son idéal, s’affranchissant des limites quelles qu’elles soient…
Depuis 2011, je permets aux entrepreneur(e)s d’inventer ou de ré-inventer leur entreprise, d’envisager leur activité de façon durable, à la jonction entre le monde actuel et le nouveau qui se dessine, dans le respect de toute vie sur notre planète.
Et si c’était votre tour ?