Impermanence du temps, des choses, des mots, de nous. L’être humain aime la nouveauté, il est curieux, il l’a toujours été. Même si cette avidité de nouveauté lui sert plus souvent de prétexte à comparer qu’à réellement évoluer.
Selon les époques, nous avons eu des colporteurs et autres forains, des bourgeois, notamment des marchands et des artisans, des chefs d’entreprise.
Maintenant nous avons des start-uper !
Avez-vous remarqué à quelle vitesse notre vocabulaire se réduit dès qu’on découvre une nouvelle expression et qu’on essaie de paraitre dans le coup ?
En 2009, les journalistes se sont emparés du mot auto-entrepreneur, nouvelle panacée économique qui allait libérer la créativité et l’esprit d’initiative de nos concitoyens. Un simple statut fiscal devenait l’appellation universelle, même si beaucoup, au final, ne savaient pas vraiment de quoi ils parlaient.
– Ah, vous avez une entreprise, vous êtes auto-entrepreneur alors ?
– Non, gérant.
– Ah, vous n’avez pas d’entreprise ? (sic)
Aujourd’hui, la mode est aux start-up !
Pas un jour sans que la presse généraliste ou spécialisée ne s’exclame devant ces nouveaux aventuriers qui, souvent, cassent les codes en tenant des AG en jean-baskets, ont la sale manie de détruire l’économie traditionnelle, mais sont tellement attachant car pour le moment, seuls ceux-là semblent capables d’attirer les investisseurs, de créer des emplois et de sauver notre pays d’une faillite menaçante, même si en vrai, cela ne peut exister qu’en Grèce, pas-chez-nous-tout-va-bien…
D’ailleurs, une croissance de – 0,1% ce n’est plus une décroissance, c’est une croissance en berne. Et une inflation à – 0,1% ce n’est plus une déflation, c’est un recul des prix à la consommation. Je m’égare… sorry… heu pardon !
Le Larousse nous suggère bien de nommer ces jeunes entreprises des jeunes pousses. Mais start-up, c’est tout de même plus in. Et puis surtout, c’est plus facile d’en parler même sans savoir vraiment de quoi il retourne. Vous l’aurez sûrement remarqué, aujourd’hui on ne crée plus des entreprises, on crée des start-up. Il est vrai qu’il vaut mieux créer une start-up qu’une simple entreprise car, globalement, les diverses aides vont à la nouveauté innovante et non à la nouveauté non-innovante.
Vous ne comprenez pas ? Moi pas tout non plus, je dois vous l’avouer. Une mise au point s’impose devant tant de simplicité… à ne pas confondre avec simplification, dont le choc nous ébranle encore (le choc) à défaut de réellement nous simplifier l’existence et les contraintes administratives.
En créant une jeune entreprise innovante, autrement dit une start-up, il est possible (mais pas automatique, une demande expresse étant indispensable) de bénéficier d’allègements fiscaux. Cela vaut aussi pour la jeune entreprise universitaire qui elle n’a pas besoin d’être innovante mais qui innove tout de même. Vous suivez ?
Ce qu’on nous dit peu, c’est que dans start-up, le plus important n’est pas le start mais le up. Le start, en soi, n’a aucun intérêt, ou presque. Et si on se concentre sur le up, beaucoup moins de jeunes pousses sont concernées (il doit être clair pour vous que les jeunes pousses ne relèvent pas du domaine horticole traditionnel).
Alors, une start-up, c’est quoi ?
Pour reprendre un vocabulaire entendu dans un forum dédié au numérique, une start-up est une entreprise dont le Business Model permet une forte scalabilité de la croissance, des coûts marginaux faibles et qui présente une innovation de rupture susceptible de rebattre les cartes d’un marché entier. (Ça c’est dit)
Autrement expliqué, si demain je crée un camping de toute pièce, j’innove parce que je crée de la nouveauté, mais je ne crée pas de start-up parce qu’il ne s’agit pas d’une innovation de rupture et que je ne pourrai pas avoir une croissance continue à au moins deux chiffres à moins de doubler la taille de mon terrain tous les ans jusqu’à occuper toute la surface de la planète et plus encore. Et comme en plus cela n’aurait rien à voir avec le numérique, alors cela ne compte pas vraiment!
J’ai la désagréable sensation que pendant qu’on se focalise sur les start-up, le reste passe à la trappe. Et le reste, c’est plus de 90% des entreprises, pas si important.
Up, ou comment installer une entreprise pérenne
Si vous sortez vos nouvelles baskets, ou votre ancien costume, dans les business networking, vous rencontrerez beaucoup de start-uper. C’est ainsi qu’ils se présentent. Il y a encore 6 ans, ils se disaient porteurs de projet, mais ça c’était avant. Et en temps numérique, vous savez, celui qui va super vite, 6 ans ça en vaut 24, presque l’âge d’une génération humaine, c’est dire que c’est vieux.
Mais au final, ce qui ne change pas, c’est souvent l’approximation d’un modèle économique non-testé. Pourtant, on l’a répété, avant de créer une entreprise, pardon, une start-up, il faut au préalable trouver des clients. Parce que créer de la nouveauté…
« Innover, c’est facile. La difficulté, c’est de transformer une innovation en vrai business »
Michael Dell
La pérennité en entreprise et le court-terme font rarement bon ménage. Et même si aujourd’hui, tout pousse à des rendements élevés et rapides, le rythme d’une entreprise reste généralement le long terme. Alors up, oui, mais pas dans n’importe quelles conditions et pas au même rythme selon l’activité.
Il paraît que la France est actuellement championne du monde pour la création de start-up. L’histoire ne dit pas ce qu’il advient d’elles une fois les projecteurs éteints, une fois qu’elles ne sont plus en phase de start et qu’elles n’ont pas trouvé la phase de up.
Ou pas
Entreprendre nécessite de connaître la température du monde en continu.
Il me semble cependant qu’à vouloir absolument rester dans la tendance, on se perde et qu’on finisse par oublier le pourquoi de toutes nos actions.
Les sirènes chantent haut et fort. Peut-être, tout comme Ulysse l’imposa à ses marins, devrait-on se boucher les oreilles et garder les yeux ouverts. Et ainsi garder son cap sans se laisser ralentir par les apparences, qu’il s’agisse des mots ou du reste.
Depuis 2011, j’explore, j’étudie, j’analyse, j’imagine comment faire autrement, comment créer de l’équilibre et du respect dans le fonctionnement de toute entreprise.
Vous êtes à la tête d’une entreprise que vous avez créée, ou reprise, ou dont vous avez hérité.
Vous avez l’impression de ne gérer que des problèmes et vous n’en voyez pas le bout.
Puisque vous lisez ces lignes, c’est certainement le bon moment pour vous de vous demander «pourquoi» .
D’ailleurs, « pourquoi » est une de mes deux questions préférées. L’autre c’est « comment ».
Pour vous accompagner, je propose des audits d’entreprises et des accompagnements, axés sur la libération de la connaissance dans l’organisation, comme outil pour induire de la confiance, de la créativité et ainsi favoriser une évolution harmonieuse de l’entreprise.
A la clé pour vous :
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- – Des leviers de création
- – La motivation des équipes
- – Et vous qui pouvez vous concentrer sur votre vision , agir en dirigeant d’entreprise et non plus en simple gestionnaire.